Si vous êtes nantais d’origine ou voyageurs de passage, vous la connaissez sûrement pour son ambiance authentique avec ses bibliothèques en bois et ses échelles. Elle est l’une des plus anciennes librairies de Nantes. Pour l’occasion, je vous (re)partage cette citation d’Olivier Py (juillet 2021) qui résonne dans notre atelier en lien avec l’amour que porte Jolies Villes au papier et à la matérialité.
“Un objet d’avenir dont on ne pourra pas se passer dans les années qui viennent, qui va devenir indispensable, qui va s’échanger, s’offrir, qui va être une arme extrêmement importante pour les jeunes générations et cet objet c’est le livre. On imagine que les modes sociaux numériques vont prendre le pas sur le livre mais c’est exactement l’inverse ce qu’il va se passer. Tout ce qui passe dans notre téléphone portable passe, et trépasse et disparait ce qui va rester c’est la matérialité du livre et on va avoir un rapport à cette matérialité que, certainement, ils n’ont pas eu à l’époque de Gutenberg, certainement pas. Mais, le livre va être là, le livre dans sa magnifique patience va être là, posé sur votre table de chevet, il est là, il est là, il vous attend. Peut-être qu’un jour vous allez finir par les ouvrir ces pensées de Pascal ou cette recherche du temps perdu mais lui en tout cas le livre, il vous attend, il est toujours là à vous attendre cette patience dans la folie de rapidité et de l’immédiateté du temps, cette destruction de la chronologie du temps par l’immédiateté, le livre va la résoudre par sa simplicité.”
Libérez vos sens, direction la librairie Coiffard à la rencontre de Stéphanie pour nous parler avec passion de bouquins !
Peux-tu nous dire qui tu es, quel est ton parcours et quel est ton rôle à la librairie coiffard ?
Après une licence d’Histoire, j’ai obtenu un DUT métiers du livre. Je travaille depuis plus de 22 ans à la librairie Coiffard et j’aime tellement ce métier. Il faut dire que j’ai eu la chance d’occuper des postes différents. Aujourd’hui, je me consacre entièrement aux animations, aux rencontres et à la communication.
Est-ce que tu peux nous parler de l’histoire de la librairie Coiffard ?
Nous avons fêté les 100 ans de la librairie en 2019. Elle porte encore le nom de son créateur : Achille Coiffard. Achille est né à Pont-Saint-Martin en 1896, ancien ouvrier-boulanger, il est gazé pendant la Première Guerre mondiale. Aurait-il pris goût sur le lit d’hôpital où il resta convalescent durant deux mois ? C’est possible puisqu’en 1919, après s’être marié avec Anne Le Breton qui tient un commerce de tabac, journaux et bimbeloterie au 10 rue de la Fosse, Achile décide d’y vendre aussi des livres, l’activité marche bien. Il décide alors d’ouvrir un salon de lecture et de vendre des beaux livres (livres d’Art). En 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, Achille Coiffard quitte le magasin du 10 rue de la Fosse et s’installe au 7 rue de la Fosse : emplacement de la librairie aujourd’hui. En 1976, après la mort d’Achille Coiffard, c’est son gendre Monsieur Blanchard qui reprend la direction de l’entreprise. En 1984, Monsieur Guillon, qui travaille dans l’entreprise depuis 1969, devient directeur à son tour. En 1990, il décide d’agrandir l’entreprise en installant tous les livres de poche dans un magasin en face, au 8 rue de la Fosse. Pour la petite histoire, ce magasin était autrefois une boulangerie-pâtisserie et ce fut une léproserie il y a très longtemps. Désormais la partie la plus ancienne de la librairie est appelée Tome 1 et la partie récente Tome 2. En 2004, Monsieur Guillon fait installer un escalier au milieu du Tome 2 afin de créer un espace supplémentaire en utilisant une grande pièce qui sert de grenier : l’espace graphique de la librairie (L’Index est né). En 2013, Monsieur Guillon part à la retraite et Rémi Ehlynger, libraire originaire de Strasbourg, rachète son entreprise. Aujourd’hui, l’équipe est composée de 21 personnes dont 4 jeunes en apprentissage du métier. La librairie se compose de 75000 références et plus de 100 000 volumes.
Comment décrirais-tu ton rapport à la lecture ?
Je ne sais pas si j’ai un rapport à la lecture particulier. Les livres font partie de ma vie, parfois je dévore, parfois je ralentis, mais il y a toujours des livres partout autour de moi. J’aime la solitude de la lecture, ce moment où l’on vit mille vies en restant dans son lit. Et puis une fois que le livre est refermé, il y a le plaisir de le partager. J’aime quand un livre me laisse une empreinte.
Une petite anecdote à nous raconter sur la librairie Coiffard ?
Connaissez-vous la scène de Lola dans laquelle Cécile, la fille de Madame Desnoyer veut acheter son fanzine Météor et qu’un marin, Frankie, lui cède le dernier exemplaire ? Elle a été tournée en 1960 par Jacques Demy… dans la librairie Coiffard !
Et 3 livres à lire dans sa vie ?
Ce ne sont pas trois livres à lire impérativement dans sa vie. Ce sont des livres qui m’ont plus, qui ont laissé une trace, que je pourrais relire et emmener sur une île déserte, des livres qui ouvrent une fenêtre intérieure. Parmi eux, il y aurait l’intégrale d’Alvaro Mutis “Les Tribulations de Maqroll le Gabier” en Cahiers Rouges, il y aurait “Les livres de Jakob” d’Olga Tokarczuc chez Noir sur Blanc et certainement un recueil de poésie comme l”Anthologie de poésie haïtienne” chez Points. Cependant, trois livres ce n’est pas assez…
Merci Stéphanie d’avoir répondu à nos questions !
Pour suivre la librairie Coiffard, rendez-vous sur leur compte instagram : @librairiecoiffard ou directement sur leur site !
Crédit photo : Adèle Boterf
Des fleurs pour tout le monde,
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Chloé